La chasse

L'univers cynégétique.


Die Bruchzeichen: les différentes brisées.

II/ Les brisées de « décorations »

 

Der Inbesitznahmebruch : la brisée de prise de possession de l’animal.

 

 

Den letzter Bissen : la dernière bouchée ou mangeure. Brisée introduite dans la gueule des animaux mâles ; on a l’impression qu’ils sont en train de la manger.

L’on pose une brisée uniquement sur les ongulés, les renards, les marmottes, les coqs de bruyère et les tétras lyre (coqs). Les animaux sont couchés sur le côté droit et la brisée « de prise de possession » apposée sur le corps des animaux : la cassure vers la tête chez les mâles et vers l’arrière lorsqu’il s’agit de femelles.

Mais seuls les mâles reçoivent « la dernière bouchée ». Cependant les renards ne l’obtiennent pas tandis que les tétras oui.

 


02/08/2008
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Die Bruchzeichen: les différentes brisées.

I / Les brisées de communication

 

Der Hauptbruch est la brisée essentielle. Elle veut attirer l'attention pour signaler la présence de choses importantes. Lorsqu'un chasseur initié en voit une, il sait de suite qu'il doit chercher des indices d'autre[s] brisée[s], dans les environs pour comprendre le message exprimé.

Ecorcée avec un couteau en dessus et en dessous, pour la rendre plus visible par rapport à une branche cassée par le vent en laissant toutefois  les branches latérales . On peut la suspendre à un arbre, à une clôture ou la poser à même le sol.

 

 

Der Leitbruch (longue d'un demi-bras) invite à suivre une direction. Cette brisée signale aussi qu'il y a un animal à ramasser ou veut conduire un chasseur dans une certaine direction. La pointe de la branche servant de brisée indique quelle direction prendre. Ce dernier point est symbolique : en effet, puisque la branche ayant poussé dans une direction (du tronc vers la pointe) l'on doit respecter cette direction et donc la suivre.

Cette pratique ressemble à un jeu de piste car l'on pose plusieurs brisées le long du chemin. Toutefois si l'on change de direction, l'on doit d'abord prévenir de ce changement de direction en mettant un nouveau Hauptbruch avant de mettre cette nouvelle brisée.

Le conducteur de chien de rouge utilise aussi ces brisées pour marquer les indices trouvés. Il se munie, avant de commencer la recherche,  d'une dizaine de brisées qu'il tient sous son bras et qu'il appose sur le sol, en mettant la pointe dans le sens de la piste (de l'Anschuss vers l'animal en fuite). Ces brisées sont mises sur des indices avérés tels que du sang.

 

 

 

Der Anschussbruch (longue d'un demi-bras) est importante pour la recherche puisqu'on la trouve à l'endroit où l'animal se situait lors de l'impact de la balle. Plantée dans le sol afin de ne pas être recouverte nuitamment par la neige, elle n'est pas écorcée pour éviter d'éveiller la curiosité de promeneurs. La cassure est taillée au couteau ! Elle est combinée au Fährtenbruch pour indiquer dans quelle direction est ensuite partie l'animal.

Attention, il est conseillé lors d'un tir de panse le soir, de ne chercher l'animal que le lendemain matin. Le blessé se trouvant à proximité dans un couvert, pourrait être relevé et s'enfuir au loin).

 

 

Der Fährtenbruch (brisée longue d'un demi-bras) montre le sexe et éventuellement la direction de la piste empruntée par les animaux.  Pour un mâle l'on place la cassure de la branche vers sa direction de fuite alors que pour une femelle on dispose la cassure dans le sens inverse à la piste de fuite. Mais l'on place derrière ces brisées perpendiculairement une autre brisée plus petite si l'on est certain de la direction dans laquelle l'animal a fuit ; ou deux petites brisées dans des sens opposés (tête bêche)  si l'on n'en est pas sûr. Pour ces petites brisées citées ci-avant, on les place donc du côté de la cassure lorsqu'il s'agit d'une femelle et du côté de la pointe pour un mâle.

 

 

Der Standplatzbruch (longue d'un demi-bras), piquée dans le sol et écorcée presque entièrement, indique l'emplacement occupé par un chasseur après avoir dérangé le sol.

Dans le cas d'un tir, le chasseur doit placer à côté de son poste un Hauptbruch puis marquer la direction prise pour aller à l'Anschuss avec des Leitbrüche (ces brisées se nomment alors Folgebrüche) ; le chasseur marque alors l'Anschuss avec les brisées adéquates ; etc…

 

 

Der Wartebruch (longues d'un demi-bras) est constituée de deux brisée posées l'une sur l'autre en forme de X. Elle indique l'endroit d'un rendez-vous et signifie « attends moi s'il-te-plais, j'étais au rendez-vous, mais je suis parti  pour une raison diverse et je reviens ».  Les branches ne sont alors pas écorcées ; de plus l'on place leur pointe dans la direction où l'on est parti. Si la personne conviée à attendre est impatiente ou pressée de partir, elle écorce cette fois les branches presque entièrement et les place ensuite dans la direction où elle s'en est allée. Le premier chasseur qui s'était absenté verra ainsi lorsqu'il reviendra que quelqu'un est passé.

Trois brisées posées l'une à côté de l'autre indique le lieu de rendez-vous général pour l'ensemble du groupe.

 

 

 

Der Warnbruch (longue d'un bras entier) est la brisée d'avertissement. On l'accroche à un arbre en l'enroulant. Il s'agit d'une branche presqu'entièrement écorcée avec le couteau. Cette brisée signalait jadis un danger quelconque. Il est peu usité de nos jours et seulement réservé à des initiés aguerri dans l'art cynégétique

 


02/08/2008
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Die Bruchzeichen: les brisées.

Malgré qu’elles aient beaucoup plus de signification dans le temps passé,  les brisées demeurent une catégorie de rite à part entière dans l’art cynégétique allemand.

 

Les brisées sont faites de branches strictement cassées à la main, sauf…,  car bien entendu là comme ailleurs, l’exception confirme la règle !

 

Elles ont deux principales fonctions : une première de communication (marquer l’anschuss, attirer l’attention sur un indice important,…) et une seconde pour l’aspect décoratif (enjoliver le tableau, féliciter un tireur en lui offrant une brisée pour en orner son chapeau,…)

Les essences utilisées dépendent du terrain sur lequel l’on se trouve et sur lequel ces essences sont présentes : chêne, aulne, sapin, épicéa et pin.

La brisée trempée dans le sang de l’animal est remise au tireur par le capitaine de chasse, présenté sur le chapeau ou la lame de sa dague tenue de la main droite. Le tireur prend alors la brisée de sa main gauche pour pouvoir par la suite serrer la main du capitaine. C’est pendant cette poignée de main que le capitaine félicite le tireur par un « Waidmannsheil » puis ce dernier répond par « Waidmannsdank ». Pour finir le tireur met sa brisée sur le côté droit ou gauche de son chapeau. On l’appelle der Schützenbruch. (La brisée du tireur).

 

  

 

Quand il s’agit d’une recherche, un autre rituel s’applique. Le conducteur de chien de sang remet la brisée au tireur qui casse, à son tour, un bout de sa brisée qu’il offrira au conducteur.  Ce dernier brise un segment du morceau de brisée qu’il a reçu du tireur et la glisse dans le collier de son chien. 

Cette pratique est la reconnaissance que le conducteur ainsi que son chien de rouge, ont une part importante dans l’appropriation de l’animal.

 


02/08/2008
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L'art de la chasse

Dans le livre I de son Ars amatoria (art d'aimer), Ovide file la métaphore de la chasse.

Principio, quod amare uelis, reperire labora,
Qui noua nunc primum miles in arma uenis.
Proximus huic labor est placitam exorare puellam:
Tertius, ut longo tempore duret amor.
Hic modus, haec nostro signabitur area curru:
Haec erit admissa meta terenda rota.
Dum licet, et loris passim potes ire solutis,
Elige cui dicas 'tu mihi sola places.'
Haec tibi non tenues ueniet delapsa per auras:
Quaerenda est oculis apta puella tuis.
Scit bene uenator, ceruis ubi retia tendat,
Scit bene, qua frendens ualle moretur aper;
Aucupibus noti frutices; qui sustinet hamos,
Nouit quae multo pisce natentur aquae:
Tu quoque, materiam longo qui quaeris amori,
 
Ante frequens quo sit disce puella loco.
Non ego quaerentem uento dare uela iubebo,
Nec tibi, ut inuenias, longa terenda uia est.
Andromedan Perseus nigris portarit ab Indis,
Raptaque sit Phrygio Graia puella uiro,
Tot tibi tamque dabit formosas Roma puellas,
'
Haec habet' ut dicas 'quicquid in orbe fuit.'
Gargara quot segetes, quot habet Methymna racemos,
Aequore quot pisces, fronde teguntur aues,
Quot caelum stellas, tot habet tua Roma puellas:
Mater in Aeneae constitit urbe sui.

"Soldat novice qui veux t'enrôler sous les drapeaux de Vénus, occupe-toi d'abord de chercher celle que tu dois aimer; ton second soin est de fléchir la femme qui t'a plu; et le troisième, de faire en sorte que cet amour soit durable. Tel est mon plan, telle est la carrière que mon char va parcourir, tel est le but qu'il doit atteindre. Tandis que tu es libre encor de tout lien, voici l'instant propice pour choisir celle à qui tu diras : "Toi seule as su me plaire." Elle ne te viendra pas du ciel sur l'aile des vents; la belle qui te convient, ce sont tes yeux qui doivent la chercher. Le chasseur sait où il doit tendre ses filets aux cerfs; il sait dans quel vallon le sanglier farouche a sa bauge. L'oiseleur connaît les broussailles propices à ses gluaux, et le pécheur n'ignore pas quelles sont les eaux où les poissons se trouvent en plus grand nombre. Toi qui cherches l'objet d'un amour durable, apprends aussi à connaître les lieux les plus fréquentés par les belles. Tu n'auras point besoin, pour les trouver, de mettre à la voile, ni d'entreprendre de lointains voyages. Que Persée ramène son Andromède du fond des Indes brûlées par le soleil; que le berger phrygien aille jusqu'en Grèce ravir son Hélène; Rome seule t'offrira d'aussi belles femmes, et en si grand nombre, que tu seras forcé d'avouer qu'elle réunit dans son sein tout ce que l'univers a de plus aimable. Autant le Gargare compte d'épis, Méthymne de raisins, l'Océan de poissons, les bocages d'oiseaux, le ciel d'étoiles, autant notre Rome compte de jeunes beautés : Vénus a fixé son empire dans la ville de son cher Énée."

Cette traduction française est celle de M. Heguin de Guerle - M. F. Lemaistre


26/06/2008
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"Petit gibier" pour jeune chasseuse

Si le gibier vivant se mérite et que le gibier mort se respecte, voici comment, à travers ce texte, je rendrai honneur à une proie de ma chienne.

 

 

Pourquoi substituer les instincts naturels de prédation qui sommeillent au fond de nous ; au nom de sensibleries purement humaine ? Pourquoi tant de répulsion à tuer un marcassin, et ce d’autant plus, quand ce dernier est blessé mortellement ?

 

Cette journée était magnifique. C’était une de ces sublimes journées hivernales où les faibles rayons du soleil tentent en vain, mais toujours avec acharnement, à convertir en milles gouttes d’eau les minuscules cristaux de glace agrippés aux végétaux. Subséquemment le thermomètre était tombé (malade ?) en dessous de 0°C. Et pendant ce temps, le Père Noël devait certainement procéder aux derniers préparatifs de son long voyage annuel. Une unique traque est prévue, elle durera 5 heures et sera entrecoupée d’une pause casse-croûte sur place ! L’enceinte n’est autre qu’une immense vallée : le matin le premier versant sera chassé et l’après midi le second. J’ai très hâte d’y être car j’adore ce coin ! Les consignes de tir sont données, seul le sanglier sera ouvert pour cause de « battue de destruction ». Cependant la laie meneuse et les grosses laies au dessus de 50kg demeurent tabou, dixit le capitaine de chasse. Une fois les équipes établies et les chasseurs partis, nous traqueurs, attendons encore un peu auprès du foyer du rendez-vous de chasse. Une petite heure plus tard, nous voici fin près pour démarrer. Nous sommes positionnés de haut en bas du premier flanc et nous pousserons vers le fond le plus proche de la vallée. En effet, l’enceinte traquée n’est autre qu’une immense vallée entonnoir où coule, en son fond, un ruisseau aujourd’hui pris dans les glaces. Une fois le coup de trompe donné, j’avance de dix mètres et lâche mon chien. La truffe au sol, il disparaît alors en quelques instants.

 

Au fur et à mesure que nous avançons, de nombreux sangliers sont vus. Nous entamons à présent la partie principale et évidemment la plus intéressante : un énorme roncier s’étalant dans une ancienne coupe à blanc, mais tout en restant à l’abri de la forêt. En fait une sapinière que la ronce avait totalement envahie  et était à première vue impénétrable… Des épines, de la ronce, et encore des épines à perte de vue.

Cependant à peine étions nous entrés dans cette masse piquante que les récris des chiens résonnent en splendides échos. Ainsi nous avançons de plus belle à la recherche des bêtes noires cachées sous ce dôme encore vert. Les ronces s’accrochent à nos vêtements et avec leurs griffes, tentent de freiner notre progression. Une ou deux fois, quand cela est possible, nous levons la tête au dessus de cette mer verte pour prendre une bouffée d’air avant de replonger. Nous étions comme des phoques sous la glace et nous voulions notre « poisson » !

Les chiens sont partis derrière une grosse compagnie de sangliers, nous devons à présent les attendre avant de pouvoir repartir. Nous entendons de nombreux coups de feu. Au bout d’un quart d’heure les chiens reviennent enfin. Ils sont tous là sauf trois, dont le mien qui manque à l’appel. Nous décidons tout de même de continuer la traque. J’appelais encore et encore ma chienne, mais le son de sa clochette ne parvenait jamais à mes oreilles… Je me tenais prête à m’enfoncer dans les profondeurs du roncier lorsque je sentis une présence à ma gauche. Mon regard se tourna lentement vers une ombre noire, la partie pointue située à l’avant de cette tâche était dirigée dans le sens opposé de la traque. C’est alors que je fis un bond de côté en hurlant. Effrayé, certainement bien plus que moi, le sanglier fila comme une flèche à travers l’épais roncier. C’est comme cela, le métier de traqueur. Il est remplit de magnifiques moments et la palette d’émotions est infinie ! D’ailleurs combien de fois l’adrénaline n’a pas pris possession de mon être alors que je devais marcher à quatre pattes pour échapper aux griffes des ronces ? Cette drôle de sensation qui me fait craindre de tomber nez à boutoir avec une laie meneuse, un keiler accro au tabagisme (ça, c’est pour les cigarettes),…

 

Quasiment une heure plus tard et quelques égratignures de plus aux mains et au visage, nous voilà finalement sorti de ce terrible, mais excitant roncier. Je pense tout de même qu’il y a des atomes crochus entre moi et ce roncier… Tiens ! Mais qui revoilà ! Ma chienne ! Je la vis au loin rejoindre notre groupe, alors je l’appelais de plus belle. Une fois qu’elle fut arrivée à ma hauteur en remuant de la queue, câlins et autres félicitations fusèrent. Peu de temps après ce petit moment de joie et surtout de soulagement, elle était déjà repartie en quête d’autres sangliers. Nous escaladons à présent un nouveau flanc et arrivons sur un petit plateau recouvert de fougères glacées. A ma gauche se trouvait le fond de la vallée que je ne pouvais apercevoir depuis ma position puis la traque de l’après-midi, l’autre flanc. J’étais béate d’admiration devant les merveilleux attraits que la nature déployait devant moi. Je ne me rendis pas compte tout de suite de la chance que j’avais et regrettais amèrement de ne pas pouvoir immortaliser ce paysage sur papier glacé. (Mon Kodak était resté dans la voiture de Papa…) De l’autre côté se dessinait les contours d’une forêt d’épicéa. Cette dernière avait revêtit sa sublime robe couleur de neige, ce qui cachait ses dessous vert et bruns. Mais qui plus est, ses milliards de perles scintillaient sous les feux du soleil. Devant moi je distinguais le bout de la première traque. Maintenant de candides arbres et des prairies gelées attendaient patiemment notre venue. Cependant pour l’heure, je profitais du moment de répit dont je disposais pour contempler ce paysage féerique, digne des plus belles cartes postales.

 

Mon voisin de droite me tira de ma courte rêverie et nous voilà parti pour la dernière heure de traque avant la pause. Adieu splendides images, véritables douceurs pour des yeux vifs… Toutefois, malgré un rapide croissant, la faim me tiraillait ardemment… Subséquemment ma progression en fut affectée. J’avais de plus en plus de mal à ne pas être distancée des autres traqueurs. Et par-dessus tout, voilà que mon dos commence  lui aussi à s’exprimer. La douleur avait trouvée le moyen de se faufiler dans mes jambes grâce aux nerfs. Les nombreuses escalades ne m’avaient pas fait trop de bien… Vivement qu’on fasse la pause de midi car j’avais prévus les médicaments contre la douleur pour la coupure ! Pour l’instant je serrais les dents. Enfin la fin de la première traque fut sonnée. J’attachais vite mon chien, revenu entre temps, avant de suivre les traqueurs jusqu’à la voiture transportant nos déjeuners. A moins que ce ne soit une hallucination due à mes douleurs dorsales, la chienne m’entraînait dans un paysage lunaire… Etions-nous en train de traverser un champ de bataille ? Fi ! Il s’agissait bien d’une prairie givrée où se trouvaient des millions de petits cratères ! Incroyable ! Mon regard se porta alors sur ma gauche… Le fond de la vallée était encore plongé dans l’ombre, mais je pouvais nettement distinguer les colossaux ravages des bêtes noires. Littéralement, chaque mètre carré de prairie était retourné et re - retourné !   Je me demandais alors si le propriétaire de cet ex herbage, ne voulait pas se reconvertir dans l’agriculture… biologique ? En effet, il n’aurait plus besoin de machine agricole, les sangliers se chargeant volontairement (enfin à quelques asticots près) de labourer la terre. De plus cela lui faciliterai considérablement la tâche: il n’aurait plus qu’à semer les graines dans les boutis. Je suis sure qu’elles germeraient à condition … de clôturer !

 

Après avoir gravis une nième côte, nous étions enfin arrivés aux voitures des chasseurs postés non loin. J’attachais ma chienne à l’une d’elle et allais chercher mon sac. Pleine d’espoir je cherchais mes médicaments, mais je ne les trouvais point. Mince…

Le repas se passa dans une ambiance joviale et bon enfant. Une fois les cafés bus et les « bredele » (qui sont de mises dans cette région les avant-veille de la nativité) mangés, nous démarrons la seconde traque. Je me trouvais au milieu de la ligne des traqueurs, « ceux du haut » s’engouffrèrent immédiatement dans des ronciers alors que nous « ceux du bas », n’avions qu’à traverser la futaie clairsemé de fougères aigles et continuer tranquillement. Ma chienne était partie rejoindre les traqueurs dans les ronciers. Elle avait raison, les sangliers s’y étaient baugés et j’entendais, avec l’envie de les rejoindre, les cris des chiens ! Cependant le terrain était bosselé et cela n’atténuait pas mes douleurs. Je peinais à avancer et le Monsieur armé, se situant à ma droite m’indiqua de le suivre. Au dessus de nous, nous entendions les traqueurs hurler à la houe, mais aucun sus scrofa ne vînt dans notre direction. Néanmoins, nous vîmes quand même plusieurs chevreuils. J’avais de la peine à suivre le Monsieur, mais maintenais mon allure en serrant les dents. Nous dûmes nous arrêter car les traqueurs « du haut » avançaient plus lentement. Nous entendons encore une fois les chiens aboyer, puis crier. Peu de temps après, les traqueurs hurlent à la houe et un coup de feu tombe.  La nouvelle ne se fit pas attendre, tout le monde parmi la ligne des traqueurs était content qu’un sanglier ait été tiré. Soudain un cri aigu transperça le silence qui venait de s’installer : soit les chiens avaient attrapé un sanglier, soit une bête noire avait été blessée. Le second cas me paraissait le plus probable car nous n’entendions aucun aboiements. Ouf, le tireur allait donc achever sa proie ! Mais en entendant toujours l’animal hurler à la mort, je me demandais si effectivement quelqu’un était en train d’abréger les souffrances inutiles de l’animal.

 

J’indiquai alors au Monsieur que j’accompagnais que j’allais vérifier ce qui se passait. Ainsi malgré mon mal de dos, je pris une grande bouffée d’air et commençais mon ascension. Le terrain était composé de sortes « d’étages » et je crapahutais à quatre pattes (pour soulager mon dos et aller plus vite)  sur le sol gelé. On annonça alors que des marcassins se trouvaient au chaudron. Tout en avançant je vérifiais si le chaudron ne se trouvait pas dans mon champ d’action puisque je ne voulais surtout pas avoir à faire à la laie...  Pendant ce temps l’animal poussait toujours ses malheureux cris. Je me rapprochai de plus en plus du théâtre de l’action. Bientôt j’arrivai sous le dernier « étage », mais malheureusement je ne pouvais rien voir de ce qui s’y passait… Une fois le dernier socle gravis, quelle ne fut pas ma surprise ! A deux mètres de moi se trouvait ma chienne tenant fermement entre ses crocs la source des cris d’agonies : un marcassin !

Je regardais autour de moi et constatait effectivement que personne n’était là pour achever le petit animal. Ce n’était pas le moment de penser pourquoi personne d’autre n’était présent car il fallait abréger dans l’immédiat, les souffrances de ce marcassin. Je sortis alors ma précieuse dague de son fourreau est couru vers les deux animaux. Ma chienne avait attrapé le marcassin au bas du dos en lui cassant ainsi les reins. Ce dernier tentait en vain d’échapper à la mâchoire du chien en se traînant à l’aide de ses deux pattes de devant.

Mon cœur battait la chamade et mes douleurs dorsales avaient disparues, laissant place à cette drôle de fièvre et à une grande détermination ! Je pris la chienne par la peau du cou pour la tirer en arrière et lui faire lâcher prise. Une fois le marcassin libéré des crocs de Tania, ce qui ne pris que quelques secondes, je le plaquais au sol sur le côté. Ensuite j’entrais la lame de la dague au défaut de sa patte avant avec le plus de force possible. Le marcassin arrêta alors instantanément de hurler. Je le lâchai et allait retenir ma chienne. L’animal se traina encore sur quelques centimètre et s’affaissa. J’attendis tranquillement que la vie ait quitté l’enveloppe corporelle du petit animal, en respirant profondément pour reprendre mon souffle et me remettre de mes émotions. Je félicitais la chienne tout en sachant très bien qu’elle n’avait fait que remplir son travail de chien donc de prédateur. Mais pourquoi sont-ce toujours nos auxiliaires canins qui capturent puis tuent de « si mignons petits bébés » ? Simplement parce qu’ils sont l’illustration même de la cruauté de la nature (Jean de La Fontaine disait si bien que la loi du plus fort était TOUJOURS la meilleure). Subséquemment ils montrent et sont ainsi la preuve que la nature ne connait aucune sensiblerie lorsqu’il s’agit de prédation ! Par contre, nous humains, sommes « ramollis » par ce que l’on appelle l’anthropomorphisme. Je cite : « on ne tire pas de bébés ! » Effectivement ils ont raison, il ne faut pas se comporter comme des barbares !

 

 Continuons… Une fois le marcassin parfaitement mort (je le vois encore aujourd’hui mourir devant mes yeux), je nettoyais un minimum la dague et sortis un gant en plastique de ma poche que j’enfilai pour porter le marcassin. Me voilà à présent en route pour retrouver les traqueurs, mais la chienne qui tentait fréquemment d’arracher sa proie de ma main, ralentissait mon retour.

Au bout de 200 mètres environs, les traqueurs m’attendaient. Le premier que je rencontrais tenait un fusil à la main et me dit avec un certain dégoût de jeter « ça » dans un buisson. Je lui rétorquai que non et qu’il méritait comme tous autre gibier d’avoir les honneurs au tableau. Je m’éloignais en redescendant vers le Monsieur que j’avais suivi tout à l’heure en emportant le rayé. Une fois arrivé auprès de lui je lui dit en rigolant que les porteurs de fusil tiraient les gros et que ma chienne attrapait les petits. Misère… Qu’est-ce que je n’avais pas dit là ! Le Monsieur m’annonça alors qu’une laie suitée, provenant d’un chaudron, avait été tirée et que ses petits avaient tenté de la suivre pour fuir les chiens. Ce peu d’humour se révéla finalement n’être que la triste vérité. Ma chienne m’avait permis d’achever un orphelin et donc de lui éviter une mort terrible. Mais qu’était-il alors advenu des autres marcassins ? Le monsieur me répondit qu’il n’en savait pas plus.

 

La dernière demi-heure de traque passa vite. La chienne ne me lâchait pas d’une semelle puisque je détenais toujours le petit mâle qu’elle convoitait tant. Une fois que nous fûmes arrivés aux voitures, je demandais un sachet pour transporter le petit animal jusqu’au rendez-vous de chasse.

 

Le tableau fut présenté et la mère du marcassin était bien au tableau. Nous avons pu constater qu’elle allaitait 6 petits. D’ailleurs le tireur (le traqueur qui m’avait dit de jeter le marcassin dans un buisson) reçu une amende car la laie dépassait la limite de poids, autorisée…

J’apprendrai aussi par la suite que des chasseurs postés ont aperçu des marcassins du même calibre que celui que j’avais achevé, tout seul, cherchant leur mère. Mais il est vrai que l’on ne tire pas de « bébés »… Une totale ineptie quand on sait que les jours suivant conserveront leur froide blancheur…

C’est cela la « Noble Ethique » de certains ? Laisser crever misérablement de jeunes orphelins. Certains critiquent ma vision des choses, mais moi j’ai beaucoup d’interrogation pour une telle superbe éthique !

 

P.S : cela me fait bien rire (jaune)… On déplore l’explosion des populations des sangliers à l’échelle nationale ; on se dit qu’il faudrait peut être y remédier ; mais finalement on ne fait rien pour être en adéquation avec ses propos…


08/05/2008
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